Grave / Denaeus – Richard Corben (Delirium)

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Après ma lecture du lovecraftien Ratgod, je continue mon exploration de l’oeuvre trop macho (?)  de Richard Corben avec ce gros volume publié par Delirium. Au sommaire des contes du cimetière (Grave) (ambiance Contes de la crypte) et une histoire « grecque » plus longue : Denaeus.

Pour tout dire, il m’aura fallu quelques jours pour venir à bout de l’album. Si les contes sont souvent bluffants d’un point de vue graphique, ils se révèlent vite assez répétitifs (mieux vaut picorer). Quant à Denaeus que j’ai lu en dernier, c’est (faute d’une meilleure définition) une espèce de salade mythologique grecque qui, une fois de plus, impressionne au niveau du graphisme, mais peine à convaincre au niveau du scénario, un tantinet en roue libre. D’ailleurs, la narration pêche un peu ça et là.

L’objet-livre est très réussi, mais certains choix de traduction m’ont laissé au mieux perplexe. Grave Denaeus n’est pas et de loin ce que Richard Corben a produit de meilleur, mais ses fans retrouveront son style inimitable, la puissance indéniable de son dessin. Ce volume me pousse d’ailleurs à acquérir d’autres titres de Corben. Pour ma part, son Grand Prix d’Angoulême est tout à fait mérité. Quant au côté « macho », il me semble toujours compliqué de déconnecter un acte créatif de l’époque qui l’a vu naître, c-à-dire par exemple juger le racisme de Lovecraft avec nos yeux du XXIe siècle connecté / mondialisé.

Les gros seins de Richard Corben (et ses giclures de sang / cervelle et autres tripailles) me vont très bien.

Pour finir, je laisserai le dernier mot à Moebius :

Richard « Mozart » Corben, s’est posé au milieu de nous comme un pic extraterrestre. Il trône depuis longtemps sur le champ mouvant et bariolé de la BD planétaire, comme la statue du commandeur, monolithe étrange, sublime visiteur, énigme solitaire.

GraveCorben

Grave (bien!)

grave-film-critique

Pour certains (je crains d’en faire partie), voir un film français se solde dans 99% des cas par une expérience douloureuse. Je ne goûte guère à la comédie hexagonale produite à la pelle, ni vraiment au polar hexagonal… à quelques exceptions près qui doivent tous avoisiner le demi-siècle d’existence, voire davantage. Quant aux drames français, oui, drame est bien le mot approprié. D’ailleurs, si on me demande quel est dernier film français que j’ai vraiment aimé, je risque de remonter à Trouble Every Day de Claire Denis, pas vraiment une nouveauté.

Après une série noire, Gods of Egypt (ridicule, baroque jusqu’à la nausée et même pas marrant), Blade Runner 2049 (trois tentatives, une semaine où j’ai beaucoup travaillé, il est vrai), perdu pour perdu, je me suis dit j’allais regarder Grave (Raw) que j’avais en blu-ray depuis parution.

Tout le monde connait l’histoire, je crois : une jeune étudiante végétarienne, ultra-douée, entre en première année d’école vétérinaire et est obligée lors du bizutage de manger un rein de lapin cru. Ce qui va éveiller en elle un appétit trop longtemps contenu.

Eh bien, je me suis régalé. C’est con, mais con : la scène de pisse, la scène d’épilation, le bras dans le cul de la vache. C’est un espèce d’imaginaire horrifique féminin que j’ai trouvé complètement rafraîchissant. Assez inédit à dire vrai. Laurent Lucas est excellent, comme souvent. La jeune Garance Marillier crève l’écran. Julia Ducournau fait parler les jeunes comme ils parlent vraiment. Il y a quelques scènes (de fête estudiantine, notamment) qui ont presque un caractère documentaire. Ça m’a un peu rappelé Excision de Richard Bates Jr.

J’attends maintenant le prochain film de Julia Ducournau avec impatience.

(La musique adoucit les morts ?)