
Carla Moran (Barbara Hershey, excellente, et à poil… soit dit en passant) est la mère de trois enfants. Billy, adulte, né d’une aventure alors qu’elle n’avait seulement que 16 ans. Puis deux filles plus jeunes, issues d’une autre union un peu plus stable, mais guère plus. Carla étudie la dactylographie pour trouver un meilleur travail, avoir un meilleur salaire. Un soir, elle est violée, par… elle ne sait pas, une entité, une chose, puissante et invisible. Une autre fois, deux créatures semblent lui tenir les jambes, pendant que la grande la pènètre. Elle s’adresse à un psychiatre, le docteur Sneiderman (Ron Silver, intense, y compris dans sa mufflerie), pour avoir de l’aide. Mais il ne la croit pas, pense qu’elle est malade. Et les viols continuent, jusqu’au jour où un témoin permet à Carla d’aller de l’avant, de prendre son destin en mains, si tant est que ça soit possible.
L’Emprise (titre français idiot, le film s’appelle The Entity en VO) est un classique de l’horreur, salué par d’immenses réalisateurs dont Martin Scorsese. Plus de quarante ans après sa sortie, il n’a pas beaucoup vieilli et reste particulièrement marquant. D’abord parce que Barbara Herhsey déchire tout en mère de famille violée. Sa descente aux enfers est particulièrement bien retranscrite : proches qui ne la croient pas, médecins qui veulent l’interner, etc. S’ajoutent à cela les scènes de viol, ses seins martyrisés, sa nudité frontale, symbole de son extrême vulnérabilité.
Là ou le film prend une tournure inattendue, c’est avec l’arrivée de scientifiques de l’Université de Californie et non d’un exorciste ou d’un médium. D’un seul coup, toute une équipe de chercheurs s’occupe de Carla ; ils doutent, bien évidemment, mais ils l’écoutent, l’aident (vraiment) et finissent par la croire.
Ce film est tiré d’un roman, lui-même inspiré de l’affaire Doris Bither.
Le film est particulièrement choquant, il y a non seulement les scènes de viol (répétées), mais aussi le sort réservé à une femme qui se dit violée, la façon dont son entourage réagit, ce qui est sans doute le pire dans l’histoire, ce manque de soutien. Il y a aussi cette scène d’anthologie où Carla, endormie, a un orgasme. Il y a peu Brigitte Lahaie a pris cher (médiatiquement) en rappelant qu’une femme peut avoir un orgasme spontané lors d’un viol. C’est malheureusement un fait scientifiquement avéré (d’un point de vue purement médical, l’orgasme est un réflexe) et il n’y avait sans doute pas matière à polémiquer à ce sujet. D’ailleurs, ce petit bouquin de Brigitte Lahaie est tout à fait recommandable (disclaimer : je suis salarié de la maison d’édition depuis 2017).
L’Emprise est vraiment un monument, ne serait-ce que pour l’interprétation « complète » de Barbara Hershey, tour à tour, victime, mère, amie, amante, objet de toutes les attentions, guerrière…


