Magic, Richard Attenborough (1978)

Corky (Anthony Hopkins) est un magicien de music-hall. Il fait des tours de cartes et le succès n’est pas au rendez-vous. Un jour, tout change pour lui, il apparaît sur scène avec une poupée de ventriloque, Fats. Une poupée obnubilée par le sexe, aux réparties « limites » pour le moins. Le succès est assuré ; le duo attire l’impresario Ben Greene (Burgess Meredith) qui souhaite faire de Corky, ou de Fats, une vedette de la télévision. Il y a un problème : pour ça Corky doit se soumettre à un examen médical qu’il refuse obstinément.

Corky a un secret et un amour secret. Incognito, il retourne dans les Catskills retrouver son amour d’enfance, mariée à une brute prénommée Duke.

Magic est un des films les moins connus de l’acteur et réalisateur Richard Attenborough (Ghandi, Un pont trop loin, Chaplin, etc.). Souvent présenté comme un film d’horreur, il s’agit avant tout d’un drame, de l’histoire d’un homme qui échoue à avoir une vie normale et à connaître le bonheur. Anthony Hopkins, à la voix si caractéristique (en VO), est plus que convaincant : il est totalement bluffant dans son rôle de ventriloque en grande détresse psychologique. Par ailleurs, la poupée et la façon dont elle est manipulée sont sidérants ; on oublie parfois qu’il ne s’agit que d’une poupée de ventriloque.

Beau film d’amour tragique, Magic est tiré d’un roman de William Goldman (Magic, 1976, publié en 1977 chez Albin Michel).

Prémonitions, Afonso Poyart (2015)

L’agent du FBI Joe Merriwether (Jeffrey Dean Morgan, excellent) est confronté à une affaire inexplicable, trois personnes sans lien entre elles ont été tuées d’un coup de poinçon dans la nuque, une méthode instantanée et indolore qui ne plaide pas pour un tueur en série classique. Un enfant fait partie des victimes, ce qui rend l’affaire très sensible. Bloqué dans son enquête, et contre l’avis de sa partenaire Katherine Cowles (agente du FBI et docteur en psychologie), Joe contact le docteur John Clancy (Anthony Hopkins, plus sobre qu’à l’habitude) qui, dans le passé, a aidé le FBI dans plusieurs affaires épineuses. Cet homme, médium de fait, ne croit pas au paranormal, il croit en la science et donc essaye de comprendre comment fonctionne son sixième sens (la version « grand luxe » de ce qu’on appelle l’intuition, selon ses dires), il veut une réponse logique et comme elle n’existe pas il refuse d’aider une nouvelle fois le FBI. Mais pour comprendre ses démons, il n’aura pas d’autre choix que de les affronter face à face.

Si Prémonitions n’est pas un grand film et accumule bien des défauts, c’est un film qui a une énorme qualité : il pousse à la réflexion, sur ce qu’il dit et comment il le raconte. D’abord, on notera que le titre français, banal, est beaucoup moins évocateur que le titre anglais Solace. Consolation. Réconfort. Au niveau des défauts, on pointera du doigt quelques choix malheureux : David Fincher avait évité de mettre le nom de Kevin Spacey au générique de Seven, les producteurs de Solace n’ont pas pu s’empêcher de spolier le face à face Anthony Hopkins / Colin Farrell. Dommage. Ensuite, il y a plein de détails qui ne fonctionnent pas, l’enquête du FBI ressemble plus à une enquête de police, les pouvoirs de John Clancy sont beaucoup trop étendus. Quand il explique à l’agent Cowles avec qui elle a perdu son pucelage, dans quelles circonstances etc. c’est nettement moins intéressant que si tout ce qu’il voyait pouvait prêter lieu à interprétation, comme c’est souvent le cas par ailleurs dans le film où certaines visions changent sont instables.

Prémonitions n’est donc pas un film parfait, loin de là, le scénario flotte un peu (surtout si on le compare à la mécanique narrative millimétrée du Zodiac de David Fincher, par exemple), la réalisation est un peu terne, mais il comporte de bons moments, une ou deux scènes bluffantes et une vraie réflexion sur ce que c’est d’être en dehors de l’Humanité d’une façon (la maladie) ou d’une autre (les pouvoirs paranormaux) ou encore une autre (la mort). Tous les acteurs sont assez sobres.

Tout comme on peut s’en passer, on peut aussi le regarder.