The Life of Chuck, Mike Flanagan (2024)


Alors que le monde s’effondre, d’étranges publicités apparaissent sur les panneaux, à la radio. « Charles Krantz, 39 grandes années, merci Chuck. » Mais qui est ce Charles Krantz, alors que l’internet ne fonctionne plus, la Californie a sombré dans la mer, les gens se déplacent en masse au Nevada ? « On dirait un comptable », dit quelqu’un.

Quelques mois plus tôt, une jeune noire installe sa batterie au coin d’une rue et commence à jouer pour un public fantôme, quand un comptable s’arrête et commence à danser.

 » Je suis vaste, je contiens des multitudes. » Walt Whitman

Ca faisait très longtemps qu’un film ne m’avait laissé aussi dubitatif. Je crois que je l’ai compris et qu’en même temps c’était tellement banal sur le fonds que je n’ai profité en fait que de la forme, notamment les deux belles scènes de danse (au coin de la rue, et le bal de fin d’année), qui sont vraiment d’anthologie.

Tom Hiddleston est parfait. Le reste du casting est très chouette.

Un beau film, étrange, original, que j’ai trouvé au final diamètralement opposé à ses intentions de départ : c’est à dire vain et creux.

The Life of Chuck, Mike Flanagan

The Proposition, John Hillcoat (2005)


Australie. XIXe siècle.

Après une fusillade digne du far West, le capitaine Stanley (Ray Winstone, dans ce qui doit être son meilleur rôle) capture deux des trois frère Burns : Charlie (Guy Pearce) et Mikey. L’officier fait une proposition à Charlie :  » je te donne un fusil, tu retrouves ton frère Arthur (Danny Huston) et tu le tues. Tu as neuf jours. Dans le cas contraire, je fais pendre ton jeune frère Mikey, pour Noël. Je vais civiliser ce pays. « 

Arthur est impliqué dans un massacre épouvantable, une femme enceinte a été violée avant d’être assassinée ainsi que le reste de sa famille. On dit qu’il est devenu un chien et qu’il vit quelque part dans l’arrière-pays, dans une caverne. On dit que c’est le Diable incarné.

Ce western australien quasi métaphysique, scénarisé par Nick Cave, est plus qu’une réussite, c’est un chef d’œuvre. La bande-son de Nick Cave et Warren Ellis est incroyable. Comme dans Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia de Sam Peckinpah, on passe de moment calmes quasi contemplatifs à des flambées de violence d’une brutalité rarement vue au cinéma. Tous les acteurs sont extraordinaires, même les seconds rôles : John Hurt, Emily Watson, David Gulpilil.

J’ai revu ce film car j’ai acheté le magnifique coffret proposé par l’éditeur BFI. Pas de langue française, pas de sous-titres français, mais les sous-titres anglais pour sourds et malentendants sont très bien faits.

La fierté d’un père


Tout mon travail d’écrivain depuis quelques mois tourne autour de la notion de tempêtes (vous en trouverez un aperçu ici). Dans les mois, les années qui viennent, nous allons affronter de nombreuses tempêtes (et nous rendre compte que l’état de crise est devenu permanent). Elles sont déjà là, elles germent en grappes et nous attendent derrière l’horizon, bien décidées à affaiblir notre foi en la technologie. Entre autres choses. Vous pouvez remplacer technologie par humanité.

Il est normal (réconfortant ?) de penser que nos enfants nous survivront et qu’ils connaîtront plus du futur que nous-même… vingt, trente ans de plus, qui sait. Mais ça veut aussi dire qu’ils connaîtront probablement plus de tempêtes que nous.

Mon fils aîné (qui aura 19 ans cette année) vient d’être admis à l’école 42 du Havre. Il est passé de l’autre côté de cette examen-trou noir qu’est « La Piscine ». Je suis si fier, si content pour lui. Et en même temps, je ne peux m’empêcher de penser aux tempêtes qu’il lui reste à affronter…

Affaires Privées, Mike Figgis (1990)


Raymond Avilla (Andy Garcia) fraîchement débarqué aux affaires internes est amené a enquêter sur un copain de promo, Van Stretch : un flic violent, déjà plusieurs fois sanctionné, visiblement accro à la cocaïne. Désireux de le faire décrocher, Avilla pousse Van Stretch dans ses derniers retranchements et découvre qu’il est sous la coupe d’un flic plus âgé, Dennis Peck (Richard Gere). Peck est une légende de la police. Trois mariages. Huit enfants. Un neuvième en route. Il roule en voiture de sport et saute tout ce qui bouge. Charmant, accro au cul, toujours prêt à rendre service à ses collègues, Peck vit très au-dessus de ses moyens. Demandant à sa hiérarchie l’autorisation d’enquêter en profondeur, Avilla comprend très vite qu’on ne touche pas à Dennis Peck, parce que c’est « un grand flic ». Mais Raymond s’entête. Le face à face entre les deux hommes devient alors inévitable.

Affaires Privées est un des meilleurs films de Richard Gere, sans doute celui où il livre sa performance la plus mémorable. Il est incroyablement convaincant en flic pourri, accro au sexe. Andy Garcia, lui joue dans un tout autre registre, le latino (macho et jaloux) qui est « arrivé », s’est marié à une femme intelligente qui travaille dans le monde de l’art mais la délaisse, car il est totalement obnubilé par son travail. Laurie Metcalf est aussi très bien en flic homosexuelle incapable de complètement canaliser Avilla.

J’ai revu le film en DVD. Le rendu est correct, d’autant plus que la réalisation de Mike Figgis est assez terne, il laisse vraiment ses acteurs prendre le dessus sur la mise en scène pure. Les dialogues sont extrêmement crus et le sujet du film devient très vite le sexe, le désir et l’insatisfaction. On peut même trouver une certaine tension homosexuelle entre les deux adversaires qui culmine avec la « scène de la culotte ». Par contre les sous-titres français sont « étranges », il y a des oublis (bon ça arrive souvent dans les sous-titres), des passages en espagnol (Andy Garcia parle beaucoup en espagnol dans le film) non sous-titrés et des expressions typiquement américaines traduites vraiment à côté de la plaque. J’ai passé une partie du film à corriger mentalement les sous-titres, ce n’est pas très agréable. Mon espagnol étant n’étant moins bon que mon anglais, j’ai raté des trucs.

Je conseille ce polar moite inoubliable (tourné deux ans avant Basic instinct).

(Malheureusement le film est très difficile à trouver à un prix raisonnable).

Badlands hunters, Heo Myeong Haeng – 2024


Après un tremblement de terre dévastateur, la ville de Séoul n’existe plus. Dans les ruines de l’ancienne capitale coréenne, un savant fou a créé une communauté dans un immeuble qui a accès à de grandes quantités d’eau potable. Il veut ressusciter sa fille en utilisant certaines propriétés de certains lézards. Pour poursuivre ses expériences, il a besoin d’enfants et d’adolescents. Ce que lui amènent les gangs des badlands, bien contents de récupérer de grandes quantités d’eau potable. Mais un jour, les gangs kidnappent la jeune Su-Na, lançant à leurs trousses un ancien boxeur indestructible : Nam-San et son garçon boucher (amoureux de la jeune fille).

Navet.

On peut le prendre par tous les bouts, ce Mad Max coréen est un magnifique, énorme navet. Tout y est absolument, irrémédiablement, con. A commencer par le tremblement de terre qui rase littéralement la Corée du sud et la propulse dans une ère post-apocalyptique digne de George Miller. Ce serait oublier que ce pays a des alliés, notamment en « occident » (d’ailleurs la sulfureuse Turquie d’Erdogan a survécu à un énorme tremblement de terre récemment). Une fois qu’on a compris qu’on allait naviguer sur les flots d’une flamboyante série Z kimchi / kung fu / post-apocalyptique avec des ophidiens en kinder surprise, on peut regarder l’ensemble d’un œil paresseux tout en suivant ses mails sur son téléphone portable, du genre « oh, une décapitation ».

Dans ce film, le réjouissant Ma Dong-Seok s’impose comme un Sylvester Stallone coréen crédible.

Dans la chaleur de la nuit, Norman Jewison (1967)


Sparta, Mississippi. Dans les années 60.

Dans la chaleur de la nuit un entrepreneur venu investir dans cette petite ville est brutalement assassiné. Peu de temps après, l’adjoint du shériff (Warren Oates) qui ne brille pas par un quotient intellectuel hors du commun arrête un homme noir (Sidney Poitier) qui attendait le premier train du matin. Cet homme se révèle être un policier de Philadelphie, expert en homicide, qui venait rendre visite à sa mère dans le Mississippi. A la demande du maire de Sparta, le shériff local (Rod Steiger) est bien obligé de s’associer avec l’officier de police noir pour trouver l’assassin.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu ce film et il est toujours aussi bon. L’enquête policière n’est qu’un prétexte pour montrer un sud raciste qui n’est pas prêt à voir arriver des noirs habillés comme les blancs (c-à-d en costume élégant). Sidney Poitier et Rod Steiger forment un duo épatant. Leur opposition qui se transforme peu à peu en respect, voire peut-être en amitié sur la toute fin du film est superbement mise en scène. Norman Jewison ne raconte pas le racisme, il le montre, par petites touches qui en s’accumulant peignent un tableau tout à fait effrayant de réalisme. Tous les racismes sont présents, le frontal, le plus facile à identifier, comme le paternaliste, plus insidieux. Le face à face entre Sidney Poitier et Endicott (le plus gros propriétaire terrien de Sparta) est pour le moins intense et dit tellement sur les deux hommes en tellement peu de temps que ça relève du tour de force.

Au-delà du film, qui est très bon, il faut sans doute aussi se souvenir du contexte de son tournage. En 1964, Sidney Poitier et le chanteur Harry Belafonte avaient été poursuivis dans le Mississippi par des membres armés du Ku Klux Klan bien décidés à les lyncher alors qu’ils livraient de l’argent à un mouvement de défense du droit de vote. Par conséquent, le film n’a pas été tourné dans le Mississippi, mais à Sparta dans l’Illinois et au Kentucky pour la scène de la plantation de coton. Pendant toute la durée du tournage dans le Kentucky, Sidney Poitier (menacé de mort par des suprémaciste blancs du coin) a dormi avec une arme sous son oreiller. Et le tournage sur place a dû être finalement écourté tant la situation s’était envenimée. Tout cela semble un peu surréaliste depuis notre salon en 2024. Sidney Poitier a eu une immense influence sur la société américaine ; sans le succès populaire de Sidney Poitier, je ne pense pas que Barack Obama aurait pu devenir président.

J’ai tendance à considérer que Dans la chaleur de la nuit fait partie d’une trilogie thématique « sociale » qui compte deux autres films de 1967 avec Sidney Poitier dans le rôle principal : Les Anges aux poings serrés et Devine qui vient dîner ? Dans chacun de ces films un homme noir occupe un poste où « on ne l’attend pas », policier spécialiste des homicides, ingénieur à Londres et docteur californien à l’excellente réputation professionnelle.

Lovecraft Country, une série TV de Misha Green

🐙

Depuis la parution en français d’Un requin sous la lune (Sewer, Gas & Electric, 2001), je suis d’un peu trop loin, à mon goût, la carrière de l’écrivain américain Matt Ruff. Quand est sorti son roman Lovecraft country, je me suis trop tardivement renseigné pour l’avoir en lecture et éventuellement en acquérir les droits (Matt Ruff est représenté par un agent avec qui je n’ai jamais travaillé, ça n’aide pas) : il était déjà vendu aux Presses de la cité. Bon, ça ne m’a pas empêché de le lire et de l’apprécier, même si ce n’est pas un roman parfait, mais paraîtrait-il, il n’en existe pas.

Et voilà qu’un projet de série a débarqué ; j’avoue que j’étais curieux de voir ce qu’ils pouvaient faire du roman, ce qu’ils allaient en garder (Lovecraft Country c’est plein jusqu’à la gueule et ça déborde même un peu de partout), ce qu’ils allaient laisser de côté.

Mais reprenons par le début de l’histoire : Atticus « Tic » Freeman apprend la disparition de son père et se rend chez son oncle George pour en savoir plus. George et son épouse Hyppolita (non créditée, comme le veut l’époque) publient un guide de voyage à destination des gens de couleurs qui veulent se déplacer en Amérique en toute sécurité. Et donc après quelques péripéties, Tic, George et la jeune Leti partent à la recherche de Montrose Freeman, qui se trouverait dans un improbable patelin de Nouvelle Angleterre, Ardhan (et non Arkham, comme Atticus, grand lecteur de Lovecraft, l’a cru de prime abord). Là, ils vont se trouver en guerre contre une vieille famille de sorciers blancs à qui une servante (enceinte du maître des lieux) a volé le plus important des trésors : Le Livre des noms.

Arrivé à la fin du deuxième épisode, je me suis dit : « ça va pas le faire ». Ça va trop vite, le jeu littéraire autour de l’œuvre de Lovecraft et de son racisme est sacrifié à l’aune d’un rythme télévisuel un brin effréné et pour tout dire fatigant. On pourrait presque faire une saison de 8 épisodes avec tout ce que contiennent les deux premiers. Par la suite, ça ne s’arrange guère, ça n’empire pas non plus. Il y a des choses formidables sur le racisme systémique, la société américaine, l’hypersexualisation de la femme noire, ici incarnée par l’actrice nigériane Wunmi Mosaku, aux formes plus que généreuses, etc. Et puis des choses moins fortes, une violence parfois gratuite, des scènes de sexe assez répugnantes qui n’apportent pas grand chose à l’ensemble (cette marque de fabrique HBO est en train de devenir un tic risible). Il y a une ou deux divergences avec le roman qui m’ont fait hurler, car à mon sens elles trahissent le propos, malin, très malin, de Matt Ruff – auteur blanc qui ose écrire sur les Noirs, leur culture, leurs blessures et le fameux massacre de Tulsa (déjà mis en scène dans la série Watchmen).

C’est too much, parfois épileptique, parfois raté, parfois formidable ; ils ont voulu mettre tout ce qu’il y avait dans le roman et n’ont globalement pas su choisir. Certains critiques ont regretté que la série parlait trop de problèmes raciaux ; j’ai évidemment le sentiment inverse, elle n’en parle trop ni pas assez, elle en parle bien… c’est le dosage des éléments fantastiques, trop frontaux, trop brutaux dès le début qui, à mon sens, pose problème.

Dommage.


The Witcher – série télé – Netflix

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Dans cette première saison de la série Netflix The Witcher tu découvriras comment Geralt de Riv (le sorceleur) s’est trouvé lié avec Ciri. Tu découvriras comment il est devenu le boucher le Blaviken. Comment il a rencontré Jaskier, le pitoyable boy band à lui tout seul. Comment il tue des monstres un peu monstrueux, ne rechigne pas au sexe tarifé. Comment il s’est, le temps d’une mission, allié à un dragon. Tu découvriras aussi la naissance en tant que magicienne de Yennefer de Vengerberg. Tu ne comprendras peut-être pas grand chose tant l’ensemble te semblera décousu et mal fichu, mais il n’y avait peut être pas grand chose à comprendre…

Fan de la série de jeux vidéos The Witcher et surtout du troisième – Wild Hunt (La Chasse sauvage) -, je ne pouvais pas passer à côté de la série Netflix qui a disposé d’une promo rarement vue pour une production de ce genre (j’ai vu des affiches dans les rues de Paris).

Bon, n’y allons pas par quatre chemins : je me suis ennuyé (et je m’attendais à beaucoup de choses, mais pas à m’ennuyer). J’ai mis plus d’une semaine à venir à bout de l’ensemble ; j’avais plus de plaisir à annoter mon roman de septembre 2020 (La Marche du levant de Léafar Izen) qu’à replonger dans la série. Je suis allé au bout, parce qu’arrivé au mitan, j’avais tant pataugé dans la bière tiède et le sang frais que je ne me sentais plus de revenir en arrière et qu’il ne me restait plus qu’à aller de l’avant.

Les acteurs sont à côté, pour la plupart, complètement à l’opposé du standard qu’a involontairement établi la série HBO Game of thrones. Quand on voit Tyrion dans Game of Thrones, on voit Tyrion, pas un acteur qui l’incarne. Peter Dinklage est complètement dedans, comme le reste du casting. Dans The Witcher, on a globalement l’impression que ce sont des cosplayers venus du monde entier qui font joujou en marge d’une convention de fantasy. La médiocrité de cette nouvelle série n’a de cesse de nous ramener à Game of thrones qui s’impose comme l’aune à laquelle on n’échappera plus ; c’est comme ça, c’est pas de chance pour les nouveaux venus. Niveau production : costumes, décors, effets spéciaux, on n’est pas du tout au même niveau. On en est même très loin ; souvent The Witcher m’a rappelé ces pathétiques téléfilms de fantasy de trois heures, d’origine improbable, que M6 passait parfois au moment des fêtes. Parfois, au détour d’une scène de taverne, je me suis dit : « tiens des Bulgares font une fête médiévale, c’est rigolo, mais on sent que la bière n’est pas bonne ».

Et puis il y a la cerise sur le gâteau : Henry Cavill. Alors là, j’avoue, je ne comprends pas. Oui… il est musclé, mais Kevin Sorbo aussi, et avec des cheveux blancs il aurait sans doute fait un meilleur sorceleur (c’est dire). Et ne parlons pas de l’hypothèse Mads Mikkelsen, qui ne fait qu’1m83, certes, mais même bourré à la codéine aurait fait un Witcher nettement plus pervers et convaincant.

Une seconde saison est déjà sur les rails ; ce sera sans moi.

Maintenant j’attends le reboot.

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Polar, Jonas Åkerlund (2018)

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Duncan Vizla est un tueur professionnel. Du genre à être payé un million de dollars par contrat. Il travaille pour Damoclès, une entreprise criminelle qui lui doit pas loin de huit millions de dollars de pension. Pour Duncan, l’heure de la retraite a sonné. Il a cinquante ans et chez Damoclès on part à la retraite à cinquante ans. C’est comme ça et la CGT n’a pas son mot à dire, pas plus que le MEDEF. Alors qu’il ne lui reste plus que quinze jours à tirer avant sa retraite effective, on lui demande de régler un dernier problème de cent trente kilos, viagra non compris : un tueur mexicain du nom de Pedro, qui a eu le bon goût de se planquer en Biélorussie. Avec l’aide d’une pute locale et de son gamin de huit ans environ, Duncan honore son contrat et s’aperçoit alors qu’il a été piégé.

Jonas Åkerlund est un réalisateur capable du pire et du encore plus pire que pire. C’est pas donné à tout le monde. Sa marque de fabrique : le mauvais goût totalement assumé. Du genre à filmer Johnny Knoxville avec une érection de vingt-trois centimètres, des filles réduites à leur popotin savamment écarté par la ficelle d’un string fluo ou à leur poitrine généreuse en pleine acrobatie aérienne. Outres les culs bombés et les nichons parfum quarante mégatonnes, il aime filmer le sang qui remonte dans l’aiguille juste avant un fix, les plaies ouvertes, les giclures de sang, les gens au crâne éclaté ou à l’œil arraché à la cuillère à pamplemousse. Généralement il filme ça – über-cool – comme un clip de gangsta rap faisant l’éloge du corps féminin ou une vidéo de Ramnstein sur l’éducation des petites filles. Blood, brains and boobs. On est très loin de Peter Greenaway ou de Stanley Kubrick. Même en étudiant sa filmo à la loupe ou à l’endoscope, il est vraiment très difficile de trouver un bon film. Jonas aime le poisseux, le visqueux et le répugnant ; ce qui peut vite devenir épuisant dans le cadre d’un long-métrage.

Mais bon, Jonas n’est pas infaillible, nul ne l’est à part mon maître à penser Laurent Wauquiez, et donner le rôle de Duncan Vizla à Mads Mikkelsen semble être, pour le moins, la meilleure idée de sa carrière (celle d’Åkerlund, pas celle de Wauquiez). Au programme : Duncan tue, Duncan bois, Duncan va aux putes, Duncan morfle, Duncan baise, Duncan loue un film, Duncan fait une bonne action, Duncan essaye de devenir humain, Duncan se fait trahir, Duncan morfle comme jamais, Duncan tue tout le monde. En résumé, Mads nous fait toute la palette, la totale. Avec le super bonus. La cerise sur le gâteau. Le cocktail au litchi en entrée et la gnôle avec la Viêt à poil fond du godet en digestif. Il y a plein de morts qui clignotent façon guirlande de bordel. C’est joli comme une ligne de coke sur le cul d’une black.

J’ai bien aimé. Ouais, vraiment. C’est un peu comme Sabotage de David Ayer : on sent que c’est foncièrement, irrémédiablement mauvais et en même temps c’est plutôt cool, ça glisse tout seul comme une bonne bière ambrée bien glacée.

Si vos enfants ont plus de dix-sept ans, n’hésitez pas à le regarder en famille, ils vont apprendre des trucs ; ça les changera de Squeezie et de La Casa de papel.