La fierté d’un père


Tout mon travail d’écrivain depuis quelques mois tourne autour de la notion de tempêtes (vous en trouverez un aperçu ici). Dans les mois, les années qui viennent, nous allons affronter de nombreuses tempêtes (et nous rendre compte que l’état de crise est devenu permanent). Elles sont déjà là, elles germent en grappes et nous attendent derrière l’horizon, bien décidées à affaiblir notre foi en la technologie. Entre autres choses. Vous pouvez remplacer technologie par humanité.

Il est normal (réconfortant ?) de penser que nos enfants nous survivront et qu’ils connaîtront plus du futur que nous-même… vingt, trente ans de plus, qui sait. Mais ça veut aussi dire qu’ils connaîtront probablement plus de tempêtes que nous.

Mon fils aîné (qui aura 19 ans cette année) vient d’être admis à l’école 42 du Havre. Il est passé de l’autre côté de cette examen-trou noir qu’est « La Piscine ». Je suis si fier, si content pour lui. Et en même temps, je ne peux m’empêcher de penser aux tempêtes qu’il lui reste à affronter…

Affaires Privées, Mike Figgis (1990)


Raymond Avilla (Andy Garcia) fraîchement débarqué aux affaires internes est amené a enquêter sur un copain de promo, Van Stretch : un flic violent, déjà plusieurs fois sanctionné, visiblement accro à la cocaïne. Désireux de le faire décrocher, Avilla pousse Van Stretch dans ses derniers retranchements et découvre qu’il est sous la coupe d’un flic plus âgé, Dennis Peck (Richard Gere). Peck est une légende de la police. Trois mariages. Huit enfants. Un neuvième en route. Il roule en voiture de sport et saute tout ce qui bouge. Charmant, accro au cul, toujours prêt à rendre service à ses collègues, Peck vit très au-dessus de ses moyens. Demandant à sa hiérarchie l’autorisation d’enquêter en profondeur, Avilla comprend très vite qu’on ne touche pas à Dennis Peck, parce que c’est « un grand flic ». Mais Raymond s’entête. Le face à face entre les deux hommes devient alors inévitable.

Affaires Privées est un des meilleurs films de Richard Gere, sans doute celui où il livre sa performance la plus mémorable. Il est incroyablement convaincant en flic pourri, accro au sexe. Andy Garcia, lui joue dans un tout autre registre, le latino (macho et jaloux) qui est « arrivé », s’est marié à une femme intelligente qui travaille dans le monde de l’art mais la délaisse, car il est totalement obnubilé par son travail. Laurie Metcalf est aussi très bien en flic homosexuelle incapable de complètement canaliser Avilla.

J’ai revu le film en DVD. Le rendu est correct, d’autant plus que la réalisation de Mike Figgis est assez terne, il laisse vraiment ses acteurs prendre le dessus sur la mise en scène pure. Les dialogues sont extrêmement crus et le sujet du film devient très vite le sexe, le désir et l’insatisfaction. On peut même trouver une certaine tension homosexuelle entre les deux adversaires qui culmine avec la « scène de la culotte ». Par contre les sous-titres français sont « étranges », il y a des oublis (bon ça arrive souvent dans les sous-titres), des passages en espagnol (Andy Garcia parle beaucoup en espagnol dans le film) non sous-titrés et des expressions typiquement américaines traduites vraiment à côté de la plaque. J’ai passé une partie du film à corriger mentalement les sous-titres, ce n’est pas très agréable. Mon espagnol étant n’étant moins bon que mon anglais, j’ai raté des trucs.

Je conseille ce polar moite inoubliable (tourné deux ans avant Basic instinct).

(Malheureusement le film est très difficile à trouver à un prix raisonnable).