Abysses, série TV d’après le best-seller de Frank Schätzing.


Un peu partout sur notre planète les choses se compliquent pour l’humanité qui veut barboter sur la plage, observer des baleines, récupérer des hydrocarbures sous-marins ou, salauds de riches, manger du homard (je pense que la scène du homard éjaculateur restera longtemps dans les annales des scènes les plus hilarantes de la télévision hexagonale – évidemment la bestiole éjacule sur un homme, sinon ça aurait été de très mauvais goût, alors que là c’est parfait). Donc au Canada c’est une baleine qui détruit un bateau de touristes de gauche (ben oui, les gens qui s’intéressent aux baleines sont plutôt de gauche, c’est très documenté, surtout à Vancouver) ; en France c’est les fruits de mer qui empoisonnent les gens (en même temps, ça arrive chaque année ; dans des proportions moindres, certes) ; en Scandinavie (refuge bien connu de la plupart des terroristes écologiques de la planète), c’est un pipeline qui est menacé par des vers de glace (je ne suis pas sûr d’avoir bien compris cette partie de l’intrigue pour être tout à fait sincère, un effet secondaire de la codéine ?).

Pour être tout à fait transparent (en tout cas, plus qu’une multinationale des énergies fossiles) : j’ai dévoré la série en trois jours. Mais j’ai une excuse : je suis en arrêt maladie et je ne peux pas marcher sans avoir l’impression qu’on m’épluche le pied droit avec un instrument rouillé dessiné par David Cronenberg, alors le canapé c’est très bien pour regarder des idioties, donner des ordres aux enfants (qui n’y répondent pas favorablement) ou faire diminuer la double pile à lire de BDs qui, dans ma chambre, commençait à ressembler aux Twin Towers (et on sait comment ça finit ce genre de délires architecturaux). Mais je m’égare…

Revenons à nos baleines. Il faut reconnaître que ce gloubigoulba télévisuel et international est plutôt prenant. C’est bien fait, plutôt bien joué, les effets spéciaux sont impressionnants pour une série télé où jouent des acteurs de nationalité française. Après, c’est une sorte de remake messianique du Abyss de James Cameron et j’avoue que ce côté biblique lourdingue, façon plaies d’Égypte, m’a gonflé. Il y a une partie politique dans la série qui est, je crois, à ne pas négliger, dans le sens où l’OMS et les grandes organisations de ce genre refusent de financer la grande enquête scientifique sur la révolution des océans que veulent mener nos héros, mission ô combien périlleuse (genre Sphere de Michael Chrichton, si vous n’avez pas vu le film… vous pouvez continuer comme ça longtemps), mission qui sera donc au final financée par un richissime transporteur maritime japonais. C’est bien simple, on se croirait chez Neal Stephenson… la rigueur scientifique en moins. Notez bien que j’y connais rien en baleines, en virus marins et en vers de glace (dont j’ignorais encore l’existence il y a quatre jours) et j’ai dû manger deux fois du homard dans ma vie, mais quand même je me suis étranglé une fois ou deux devant mon écran, en me disant « heu, là c’est grand même très gros, même Michael Chrichton n’aurait pas osé ».

Dans une espèce de rêve éveillé à propos duquel la codéine n’est probablement pas totalement innocente, j’attends maintenant de pince ferme le débunkage de Roland Lehoucq et son équipe de farouches justiciers de la science ; ça risque d’être hilarant.

Quant aux poissons… faites comme moi, ne mangez que les fish&chips du Poppies à Londres (leur sauce, c’est un scandale tellement elle est bonne). Vous n’êtes pas forcé de me croire, mais cette ligne de conduite ne peut avoir qu’un impact bénéfique sur la santé mentale des océans.