
En tournant la dernière page de Monde mutant de Richard Corben (au dessin) et Jan Strnad (au scénario) j’ai fini la lecture de tous les albums Corben publié chez Delirium, à l’exception notable de Esprits des morts qui vient d’être réédité avec une nouvelle couverture et que je n’ai pas encore acheté, passablement traumatisé par l’augmentation du prix de la côte de bœuf (un été sans côte de bœuf au barbecue, ce n’est pas vraiment un été digne de ce nom).
L’intégrale de Monde mutant contient deux histoires en plusieurs épisodes. L’histoire éponyme et sa suite, Fils du monde mutant.
Dans la première partie, on suit le mutant Dimento, un peu con-con, qui essaye de survivre dans un monde post-apocalyptique aussi réjouissant qu’une soirée accordéon organisée par le Rassemblement National. Richard Corben a commencé à écrire l’histoire tout seul et, obligé de reconnaître ses limites en matière de scénarisation, il a demandé de l’aide à Jan Strnad (à partir du troisième épisode, si mes souvenirs sont bons)… qui ne devait pas être dans une bonne période… ou qui s’en foutait… ou qui trouvait le projet rigolo mais sans grand intérêt. Si le dessin reste sidérant, comme souvent avec Corben, niveau histoire on est dans de la série B bas de gamme, un peu rigolote, un peu coquinette, qui flirte allégrement avec la série Z italienne post-apocalyptique (je vous laisse chercher, de toute façon y’a rien à sauver). J’ai pensé à The ultimate warrior, (sans doute la ressemblance de Dimento avec Yul Brynner), mais je crains que le film de Robert Clouse soit au final plus intéressant que la vision post-apo du duo Corben/Strnad. La suite Fils du monde mutant (titre d’autant plus rigolo que le personnage principal est une jeune fille généreusement dotée par la nature, en tout cas au niveau mammaire) est plus structurée, moins en roue libre que la première partie, mais bon, ça reste quand même très mince sur le plan du scénario.
L’ensemble vaut surtout pour le dessin surpuissant de Corben et ne restera pas dans les annales comme un incontournable de la BD post-apocalyptique (mais en existe-t-il ?).
